Paris (awp/afp) - L'ancien PDG du groupe Alcatel-Alsthom et grande figure de l'industrie française Pierre Suard est décédé jeudi à l'âge de 91 ans, a indiqué son fils à l'AFP vendredi.

"Les obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité. Une célébration en sa mémoire sera organisée à Paris dans les prochaines semaines", a précisé son fils Bruno Suard.

Ingénieur diplômé de l'école Polytechnique, un temps haut fonctionnaire et chargé de mission auprès de Michel Debré, alors ministre des Finances, Pierre Suard est surtout connu pour avoir dirigé le groupe Alcatel-Alsthom pendant près de dix ans, avant d'être condamné pour abus de biens sociaux.

Nommé en 1986 président de la Compagnie générale d'électricité (CGE), troisième groupe industriel français de l'époque, il accompagne sa privatisation en 1987.

Le groupe, devenu Alcatel-Alsthom en 1991, effectue de nombreux rachats d'entreprises et opère alors dans des domaines très variés, de la construction de trains aux télécommunications.

A sa tête, Pierre Suard ne cache pas son intérêt pour le secteur de la presse, même si l'activité médias reste, selon ses mots, "toute petite" rapportée à l'ensemble du groupe.

L'une de ses filiales, déjà propriétaire du magazine L'Express, entre ainsi au capital du Point en 1992 avant de le racheter en totalité l'année suivante. En 1994, la même filiale est candidate au rachat de RMC, avant que sa vente ne soit écartée.

Mais le tout-puissant PDG, un temps l'un des patrons les mieux payés de France, voit son image et celle de son entreprise vaciller lorsqu'il est accusé à partir de 1994 d'avoir fait effectuer des travaux à son domicile aux frais de son groupe.

Poussé à la démission en 1995 après sa mise en examen pour abus de biens sociaux, il est définitivement condamné en mars 1999 à deux ans de prison avec sursis et 2 millions de francs (environ 300.000 euros) d'amende. En 2001, la Cour de cassation rejette son pourvoi.

En parallèle, le groupe et son PDG sont également pris au coeur d'une autre affaire, dans laquelle Alcatel est accusé d'avoir organisé un système de surfacturation au détriment de France Télécom.

Tandis que deux anciens responsables sont condamnés à des peines de prison avec sursis pour escroquerie en 2008, Pierre Suard bénéficie d'un non-lieu dans l'affaire.