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Economie publique   06.06.2023 16:55:11

Acrotec heureux mais étonné de la bonne santé de l'horlogerie

Le Grand-Saconnex (awp) - Le groupe jurassien Acrotec, qui s'est illustré par le rachat de nombreuses sociétés ces dernières années, n'échappe pas aux problèmes de pénurie de main-d'oeuvre et constate un allongement continu des délais de livraison depuis la fin de la pandémie. Si les responsables se réjouissent de l'embellie que vit le secteur aujourd'hui, ils s'en étonnent également dans le contexte de tensions géopolitiques.

"Comme de nombreuses entreprises du secteur, nous sommes confrontés à des problèmes de recrutement", a indiqué mardi à AWP Cyrille Mathieu, directeur général de la division horlogerie-joaillerie du jurassien, à l'occasion de l'inauguration du salon de la haute précision EPHJ au Grand-Saconnex. "Ceux-ci restent sous contrôle, mais la situation est particulièrement aiguë dans le domaine du décolletage", a-t-il détaillé.

Face à ces défis, les entreprises du groupe misent en particulier sur la formation d'apprentis, qui sont actuellement une dizaine. L'organisation du travail a également été bouleversée ces dernières années. "Par le passé, les décolleteurs étaient chargés de nombreuses tâches qui n'avaient rien à voir avec leur métier, nous avons opéré un vrai recentrage d'activité", a expliqué M. Mathieu.

L'entreprise veille davantage que par le passé à ce que les conditions d'emploi restent attractives, afin d'éviter les fluctuations de personnel, détaille-t-il encore. Mais il ne convient pas de s'emballer pour autant. "Les affaires marchent très bien en ce moment mais le secteur n'est pas à l'abris d'un revers conjoncturel et dans un tel cas, les hauts salaires sont toujours les premiers touchés", a-t-il rappelé.

Recrutements à l'étranger

Acrotec met également en garde contre le recrutement "sauvage" chez les concurrents. M. Mathieu reconnaît en outre que l'entreprise recrute beaucoup dans les régions frontalières. "Nous ne pourrions pas fonctionner sans les frontaliers, ils sont essentiels dans le Jura, et encore davantage dans la vallée de Joux", a-t-il indiqué.

Ces problèmes de recrutement ont naturellement un impact sur les capacités de production. "Si un client nous passe une commande aujourd'hui, il nous sera très difficile de l'honorer cette année encore", a expliqué M. Mathieu, qui constate un allongement des délais de livraison sur toute la chaîne de production.

"Après la première vague de coronavirus, nous avons rapidement mis en place des mesures sanitaires qui nous ont permis de redémarrer la production dès 2020, de sorte que nous avons constitué des stocks que nous avons pu écouler en 2021 quand la demande a repris", a expliqué le directeur général. "Mais dès 2022, la situation s'est tendue, notamment du côté des sous-traitants, et le problème s'est encore accentué cette année."

Inflation répercutée

Les augmentations des coûts des intrants, en particulier des matières premières, des salaires et de l'énergie, ont pesé sur les finances du groupe. "Afin de protéger nos marges, nous avons augmenté nos prix de vente de 5 à 6% en moyenne", a indiqué M. Mathieu.

Le groupe de Develier réalise actuellement environ 50% de son chiffre d'affaires dans l'horlogerie-joaillerie, 25% dans les dispositifs médicaux et 25% dans la haute précision. Pour rappel, le conglomérat qui a racheté de nombreuses entreprises restées indépendantes ces dernières années, s'est réorganisé début 2023 en trois pôles, avec comme objectif que chacun des pôles dégage environ un tiers du chiffre d'affaires.

Dans l'horlogerie, 80% des ventes concernent le haut de gamme. "La demande est très forte, même des marques en petite forme avant la pandémie rebondissent", témoigne le directeur général, qui s'interroge sur la solidité de la santé qu'affiche le secteur du luxe dans un contexte géopolitique pourtant très tendu. "Le luxe est certes une valeur refuge, mais c'est tout de même étonnant", a-t-il déclaré.

Au chapitre des acquisitions, rien n'est exclu pour Acrotec qui regroupe désormais pas moins de 28 entreprises, dont 18 dans le pôle horlogerie-joaillerie. "Il s'agit généralement d'opportunités, notamment dans des cas de succession, on est venu plusieurs fois frapper à notre porte", a indiqué M. Mathieu, qui souligne que certaines sociétés conservent une structure familiale même après avoir rejoint le groupe Acrotec.


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