Zurich (awp) - Magdalena Martullo-Blocher, à la tête du chimiste grison Ems-Chemie, dit ne voir que des conséquences limitées de la politique douanière du président américain Donald Trump sur son entreprise. La conseillère nationale UDC a assuré, dans un entretien accordé à la SonntagsZeitung, continuer de croire à un accord de libre-échange entre la Suisse et les Etats-Unis.

A l'annonce des surtaxes américaines, Mme Martullo-Blocher dit avoir été grandement surprise, mais "pour Ems-Chemie, les nouveaux droits de douane n'auraient pratiquement pas de conséquences directes. Nous produisons déjà beaucoup aux États-Unis".

Ems Chemie fournit l'industrie automobile et l'industrie médicale, déclarées par les États-Unis comme d'intérêt national. "Nous pouvons donc livrer presque exclusivement sans droits de douane", a avancé la patronne.

Risques élevés

Mme Martullo-Blocher qualifie la démarche de Trump comme "très agressive", avec des effets secondaires néfastes et des risques élevés. "Dans le monde entier, les marchés financiers se sont fortement effondrés, de nombreuses chaînes d'approvisionnement ont été interrompues et les décisions des entreprises ont été reportées".

Cela a des répercussions négatives sur la conjoncture mondiale, poursuit la conseillère nationale UDC. Et une large insécurité est perceptible. "C'est pourquoi les droits de douane doivent maintenant être rapidement abaissés."

Pour la Suisse, la directrice générale y voit une grande chance. "L'entretien téléphonique encourageant entre la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter et le président américain a sonné le début de cette période", selon elle.

"Le Conseil fédéral et le Secrétariat d'Etat à l'économie doivent maintenant mener le plus d'entretiens possible. Les droits de douane supplémentaires doivent être suspendus et un accord de libre-échange doit être négocié."

La Chine plus importante que les Etats-Unis

En se projetant sur la prochaine décennie, Mme Martullo-Blocher part du principe que la Chine sera plus importante que les États-Unis pour les fournisseurs industriels comme Ems-Chemie. "La Chine est déjà le plus grand marché industriel. Je serais très étonnée que les Etats-Unis puissent encore la rattraper."

La directrice générale qualifie l'ambiance actuelle en Chine de "très hostile" envers l'outre-Atlantique. "Les relations commerciales entre les deux puissances sont complètement coupées. Nos clients chinois disent qu'ils veulent remplacer tous les fournisseurs américains."

La Suisse a un accord de libre-échange avec la Chine depuis douze ans. "Les Chinois veulent donc être encore plus approvisionnés par nous. Dans nos sociétés chinoises, les clients se déchaînent désormais pour obtenir nos produits", se félicite-t-elle.