Genève (awp) - Accablé par des scandales à répétition, visé par des enquêtes en France et Belgique, Nestlé Waters s'offre une cure de transparence en 2025. La filiale regroupant les marques Perrier, San Pellegrino ou Vittel dévoile pour la première fois ses chiffres - en croissance - en tant qu'activité autonome gérée au niveau mondial.

Issue d'une réorganisation mise en oeuvre en début d'année, Nestlé Waters & Premium Beverages a généré au premier trimestre un chiffre d'affaires de 809 millions de francs, ce qui en fait la plus modeste unité d'affaires du géant veveysan en termes de ventes, selon les chiffres publiés jeudi. Les recettes ont progressé de 3,9% sur un an.

L'entité présente une croissance organique de 3,6%, bien supérieure à celle du groupe (2,8%), grâce à un effet positif de 2,0% lié aux ajustements de prix. Les volumes, mesurés à l'aune de la croissance interne réelle (RIG), n'ont gonflé que de 1,6%. Cette tendance à doper la croissance par des augmentations de prix ne s'est cependant pas limitée à Nestlé Waters.

Le scandale du traitement des eaux minérales vaut à Nestlé des démêlés avec la justice dans deux pays européens.

En France, une enquête de Radio France et du quotidien Le Monde a révélé que Nestlé a utilisé des techniques de purification interdites (microfiltration) pour les eaux minérales naturelles ou eaux de source, qui doivent être naturellement pures. Mi-février, le pôle santé publique du tribunal de Paris a ouvert une enquête suite à une plainte contre X déposée par l'association de défense des consommateurs Foodwatch datant de septembre 2024.

Instituée en novembre dernier, une commission d'enquête parlementaire du Sénat français cherche à faire la lumière sur cette affaire et a auditionné début février la directrice générale de Nestlé Waters Muriel Linau, qui a cependant assuré que la "sécurité alimentaire n'a jamais été en jeu".

Il y a un mois, les autorités belges ont mené une perquisition dans une filiale du géant veveysan dans le sud du pays. La justice enquête sur le respect par le groupe Nestlé de la réglementation sur les eaux minérales, une procédure similaire à celle qui a été lancée à Paris.

Au dossier des traitements des eaux minérales est venu s'ajouter celui des décharges illégales. Après le dépôt d'une plainte de l'association AC Anti-Corruption, Nestlé Waters a été convoqué fin janvier au tribunal de Nancy pour avoir entreposé des déchets polluants dans les Vosges. La filiale est poursuivie pour avoir stocké des déchets et maintenu quatre décharges sauvages représentant un volume cumulé de 473'700 mètres cubes. Le procès se tiendra lieu du 26 au 28 mai.