Genève (awp) - Confronté à une faiblesse de la demande en début d'année, Nestlé a dégainé des augmentations de prix qui ont permis d'alimenter sa croissance organique au premier trimestre. Le géant veveysan a confirmé sa feuille de route 2025, malgré des marchés peu vigoureux et la menace des droits de douane aux Etats-Unis.

Sur le premier partiel, la croissance organique a atteint 2,8%, un chiffre à relativiser puisqu'une grande partie de cette progression - soit 2,1% - est imputable aux ajustements de prix. La croissance interne réelle (RIG) ne représente ainsi que 0,7%, indique jeudi la société dirigée par le Français Laurent Freixe depuis l'été 2024. Le patron a souligné en téléconférence que les augmentations de prix pour l'exercice en cours sont majoritairement réalisées.

Le chiffre d'affaires s'est inscrit à 22,60 milliards de francs, ce qui représente une progression de 2,3% sur un an. Les résultats publiés par le géant vaudois dépassent les prévisions des analystes interrogés par AWP.

Activités phare de Nestlé, la confiserie et le café ont porté la croissance organique du groupe, celles-ci enregistrant respectivement des progressions de 8,9% et 5,1%. Ce bond à mettre en perspective avec les augmentations de prix parfois supérieures à 10% appliquées aux clients, qui ont montré des "réactions limitées" face à ces hausses.

L'emblématique marque Nespresso a ainsi pu générer une croissance organique de 5,7%, malgré une hausse des volumes plafonnée à 2,6%. Le chiffre d'affaires a atteint 1,6 milliard de francs (+1,6%).

Cité dans le communiqué, M. Freixe souligne le contexte d'incertitude dans lequel a évolué Nestlé en début d'année. "La croissance a été soutenue dans l'ensemble des marchés et des catégories, avec une tendance à l'amélioration des parts de marché dans plusieurs secteurs d'activité, en particulier pour nos marques dites milliardaires", relève-t-il toutefois.

Le bilan n'est cependant pas uniformément rose. Classé parmi les unités à problème du groupe, le spécialiste des alicaments Nestlé Health Science a subi un net ralentissement de sa croissance organique, qui a chuté à 4,2% alors que l'unité profitait de taux supérieurs à 10% au deuxième semestre 2024.

Nespresso exposé aux droits de douane

Les activités regroupées par région ont toutes contribué à la croissance organique. Pour la zone Amériques, la progression s'est établie à 1,9%, alors que les volumes ont fait du surplace (+0,1%). Nestlé revendique néanmoins des gains de parts de marché en Amérique du Nord, où la RIG s'est étoffée de 1,1%, amoindrie cependant par des effets de prix négatifs à hauteur de 1,0%.

Pour 2025, la direction vise toujours une amélioration de la croissance organique des recettes de 4% en rythme annuel, mais "dans un environnement commercial normal". La marge opérationnelle sous-jacente devrait être de 16% ou plus. A moyen terme, Nestlé veut renouer avec des valeurs supérieures à 17%.

"Ces prévisions reposent sur notre évaluation de l'impact direct des tarifs douaniers actuellement en vigueur et notre capacité à nous adapter", précise Laurent Freixe. La directrice financière Anna Manz a souligné que les produits Nespresso pourraient pâtir des droits de douane, mais que des adaptation des prix sont possibles afin de compenser l'effet.

La restructuration visant à économiser quelques 700 millions de francs cette année suit son cours, comme escompté.

Dans l'ensemble, les analystes votent la confiance à la nouvelle équipe dirigeante. Le patron marque doucement mais surement le groupe de son empreinte, affirme-t-on chez Vontobel. Les chiffres publiés en matinée sont inférieurs à la moyenne historique, mais constituent un bon point de départ, selon Baader Helvea.

Jeudi, l'action Nestlé a clôturé en grapillant 0,05% dans un SMI en hausse de 0,92%.