Zurich (awp) - Oerlikon a terminé sa mue en société spécialisée dans le traitement de surface avec la cession de l'unité Barmag au fabricant de machines et de composants textiles Rieter pour 713 millions de francs. Les résultats trimestriels du groupe industriel sont, du coup, passés en arrière-plan.

"Nous avons trouvé une solution industrielle suisse (...) qui représente une étape importante dans la mise en oeuvre de notre stratégie d'acteur" centré sur les activités de traitement de surface, a indiqué le directeur général d'Oerlikon, Michael Suess, mardi dans un communiqué.

Le prix de vente valorise le fabricant de machines textile Barmag à 850 millions de francs ou 950 millions avec l'option de paiement supplémentaire. Oerlikon utilisera les montants perçus pour rembourser une dette de 475 millions, régler des frais courants et effectuer d'éventuels reversements aux actionnaires.

Si certains critères seront atteints d'ici 2028, des paiements supplémentaires de jusqu'à 100 millions seront effectués à Oerlikon. L'opération est assurée par un prêt relais, qui sera refinancé par une augmentation de capital de 400 millions, un placement privé de 77 millions et un crédit bancaire, a détaillé Rieter dans un communiqué distinct. La transaction doit être clôturée au dernier trimestre 2025.

Peter Spuhler, actionnaire de référence de Rieter avec une participation de 33%, et Martin Haefner, qui détient 10%, se sont engagés à soutenir l'acquisition et vont participer à la levée de fonds.

L'intégration de Barmag à Rieter va "créer un leader de l'industrie textile", a souligné le patron de Rieter, Thomas Oetterli. L'acquisition de Barmag permettra de faire bondir les ventes du groupe de 85% à 1,6 milliard de francs et la marge opérationnelle brute (Ebitda ajusté) de 9,6% à 11,4%.

Des synergies annuelles de 20 millions de francs sont attendues par Rieter, qui exclut cependant une restructuration d'envergure, selon le directeur financier Oliver Streuli.

Barmag, qui comprend les marques Oerlikon Barmag, Oerlikon Neumag et Oerlikon Nonwoven, a dégagé en 2024 un chiffre d'affaires de 734 millions de francs avec 2600 employés. Ses principaux marchés sont la Turquie, l'Inde, la Chine et les Etats-Unis. L'entreprise fabrique des machines à filer et à texturer de fibres synthétiques.

Forte demande en fibres synthétiques

La demande en fibres synthétiques devrait augmenter, alors que l'offre en fibres naturelles, comme le coton ou le lin, est limitée par la production agricole. Les fibres synthétiques doivent ainsi aider à répondre à la demande en vêtements, ainsi qu'en textiles techniques et pour particuliers, a détaillé Rieter.

Au terme de cette cession, Oerlikon deviendra quant à lui un acteur centré sur les technologies de surface pour l'industrie automobile, aérospatiale, l'énergie, le luxe, le médical, la défense et les semiconducteurs.

Oerlikon a par ailleurs dévoilé son chiffre d'affaires au premier trimestre, en baisse de 3,2% à 391 millions de francs. Les entrées de commandes ont reculé de 1,1% à 421 millions. Le groupe a confirmé ses objectifs financiers à moyen terme, visant une croissance organique de 4% à 5% des recettes à taux de changes constants. La marge opérationnelle brute (Ebitda) doit quant à elle dépasser 20%.

"La cession de Barmag à Rieter marque le point final de l'ajustement du portefeuille d'Oerlikon, commencé il y a une décennie", rappelle Michael Foeth de Vontobel. Selon l'analyste de la banque de gestion zurichoise, le prix de vente est "plutôt correct" vu les conditions actuelles de marché, même s'il est inférieur aux meilleurs pronostics.

Pour Michael Roost de Baader Europe, le prix de vente est attrayant même s'il est quelque peu inférieur à ses attentes. Cette opération "va aider Oerlikon à se désendetter et se transformer en pur acteur des traitements de surface", a-t-il estimé.

A la Bourse suisse, les investisseurs ont été convaincus de l'opération pour Oerlikon, mais moins pour Rieter. L'action Oerlikon a fini en hausse de 18,6% à 4,01 francs et l'action Rieter a gagné 0,4% à 71,70 francs, dans un SPI en hausse marginale de 0,04%.