Zurich (awp) - La Bourse suisse a terminé en hausse vendredi, dans un climat pourtant volatil et à contrecourant des places européennes. L'inquiétude domine toujours quant à un éclatement de la bulle autour de l'intelligence artificielle (IA), en raison de l'endettement du secteur.

A Wall Street, les principaux indices suivaient des trajectoires contrastées. Vers 17h30, le Dow Jones prenait 0,30%, le S&P 500 flirtait avec l'équilibre à -0,03%, alors que le Nasdaq trébuchait de 0,54%.

"Oracle, la dernière entreprise à avoir rejoint le cercle des méga contrats d'OpenAI (ChatGpt), est désormais devenu le baromètre du risque de crédit IA, en partie parce qu'elle dépense des milliards financés par la dette et en partie parce que ses notations de crédit sont plus faibles que celles de Microsoft ou Google", a analysé Ipek Ozkardeskaya de Swissquote.

La firme a vu ses CDS, qui permettent de s'assurer contre le défaut d'un émetteur de dette, à 5 ans dépasser 110 points de base, au plus haut sur trois ans. "Plus le risque de défaut perçu est élevé, plus la demande des investisseurs et le prix sont hauts." Et l'analyste de mettre en garde: "je ne veux pas revenir là-dessus mais la chute de Credit Suisse a commencé sur le marché des CDS."

Pour DZ Bank, les récentes chute des cours dans le secteur technologique pourraient aussi traduire "une correction normale, dans une tendance intacte", car si certaines entreprises sont surcotées sur la base d'attentes optimistes pour le futur, d'autres sont des groupes établis avec de solides bilans. L'évolution des principaux indices boursier traduit ce contexte tendu entre des expectatives élevées et une dynamique fondamentale solide".

Autre facteur de pression: la probabilité que la Réserve fédérale américaine (Fed) abaisse ses taux s'est réduite à peau de chagrin. "Les marchés perdent l'un des principaux pourvoyeur d'espoir de ces derniers mois, commentent encore les experts de l'établissement allemand. "L'incertitude concernant les perspectives d'une réduction des taux par la Fed en décembre a accru les inquiétudes du marché", renchérit Michaël Nizard chez Edmond de Rothschild Asset Management.

Le dernier rapport sur l'emploi US publié jeudi "confirme notre estimation selon laquelle les banquiers centraux maintiendront le statu quo en décembre", note DWS. UBS de son côté estime que l'institut a de la marge pour deux coups de rabot de 25 points de base d'ici la fin du 1er trimestre 2026.

Un des responsables de la Fed a estimé cet après-midi qu'il y avait "de la marge" pour une nouvelle baisse des taux directeurs à court terme. Sa déclaration a immédiatement fait réagir les investisseurs, qui ont conclu que la balance penchait à nouveau vers une détente monétaire en décembre.

Dans la zone euro, l'indice PMI Flash s'est établi à 52,4 points ce mois-ci, contre 52,5 points en octobre, ce qui constituait un plus haut depuis deux ans et demi.

Poids lourds en soutien

Du côté de Zurich, après avoir timidement progressé en début de séance, le SMI a bouclé sur un gain de 0,71% à 12'632,67 points. Le SLI a terminé en hausse de 0,46% à 2033,31 points et le SPI de 0,51% également À 17'342,35 points. Sur les trente principales valeurs, dix-neuf ont avancé quand onze ont reculé.

Sandoz (+2,6%) a pris la tête de l'indice, reléguant son ancienne maison mère Novartis (+2,5%) à la deuxième place derrière Geberit (+2,0%).

Les deux autres poids lourds Nestlé (+1,9%) et Roche (bon +1,2%) ont soutenu eux aussi l'indice.

SGS (+1,1%) a fini dans le vert également. Le spécialiste de l'inspection et de la certification a signé une prise de participation majoritaire en France.

Schindler a inversé la tendance négative du début de matinée, terminant sur un gain de 1,1%. Le lucernois doit composer avec le départ d'Hugo Martinho, son responsable des ressources humaines, qui siège à la direction générale.

Après une brève incursion en terrain positif, Swatch Group (-0,2%) a finalement bouclé en repli, comme le genevois Richemont (-1,1%) au lendemain de publication de la chute des exportations horlogères vers les Etats-Unis en octobre.

UBS (-1,9%) a tout juste échappé à la lanterne rouge. En plein bras de fer avec les autorités suisses au sujet des fonds propres, la banque aux trois clés a dépensé 1,60 milliard de francs pour racheter plus de 52,5 millions de nominatives, représentant 1,6% du capital-actions.

Valeurs technologiques en difficulté

Les valeurs technologiques ont terminé au fond du tableau, à l'image d'ABB (-1,8%), de Logitech (-0,4%) et surtout de VAT, bon dernier, sur un repli de 5,2%.

Sur le marché élargi, Cembra (+0,8%) a nommé Bernardo de Barros Franco en tant que responsable de la clientèle et de la croissance au 1er décembre.

SHL Telemedicine a nettement rebondi (+3,0%), après avoir chuté de près de 11% en matinée. Le groupe israélien coté à Zurich veut récolter un montant brut de 29,5 millions de francs via une offre de droits de souscription.