Taipei (awp/afp) - Le géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC a annoncé jeudi un bénéfice net meilleur qu'attendu au quatrième trimestre 2024, profitant toujours de l'essor de la demande de technologies pour l'intelligence artificielle (IA).

Le groupe, spécialiste des puces les plus sophistiquées, accélère par ailleurs son développement hors de Taïwan face à l'intensification des menaces géopolitiques en Asie et au durcissement des restrictions américaines visant la Chine dans le domaine technologique, un environnement susceptible d'assombrir son horizon.

TSMC a dégagé un bénéfice net de 374,7 milliards de dollars taïwanais (10,4 milliards de francs) au dernier trimestre de l'année 2024, en hausse de 57% par rapport à la même période en 2023.

Ce résultat a dépassé les prévisions d'analystes sondés par l'agence Bloomberg, qui anticipaient un bénéfice net légèrement inférieur, à 369,8 milliards de dollars.

Une robuste performance correspondant à une demande soutenue, ce que confirme les prévisions de dépenses conséquentes de Microsoft et d'Amazon dans les infrastructures pour l'IA.

Son chiffre d'affaires s'est par ailleurs accru de 38,8% entre octobre et décembre 2024 par rapport au quatrième trimestre 2023, là-encore au-delà des attentes.

La semaine dernière, TSMC avait déjà fait état pour l'ensemble de l'année 2024 d'un chiffre d'affaires en hausse de plus d'un tiers (33,9%), surpassant ses propres anticipations.

"Découplage" vis-à-vis de la Chine

Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (TSMC) produit des semi-conducteurs utilisés dans tous les domaines technologiques, des iPhones d'Apple, aux équipements d'intelligence artificielle de pointe de Nvidia.

Le géant taïwanais se trouve à l'avant-garde d'une révolution générative de l'IA, produisant les puces les plus avancées du monde, nécessaires pour alimenter les produits fabriqués par la Silicon Valley.

Mais il se trouve aussi confronté aux tensions géopolitiques entre les Etats-Unis et la Chine concernant les contrôles d'exportations, les conflits douaniers et Taïwan.

Mercredi, Washington a ainsi annoncé renforcer ses contrôles sur les exportations de semi-conducteurs de dernière génération afin de s'assurer que la Chine n'ait pas la possibilité de contourner les restrictions et interdictions existantes.

Des mesures prises pour "entraver la capacité de la Chine à acquérir et produire les technologies nécessaires à sa modernisation militaire", selon Washington.

Des gouvernements ont par ailleurs fait pression sur TSMC pour qu'elle délocalise davantage sa production hors de Taïwan, où se trouvent son siège social et la majeure partie de ses usines.

La Chine revendique cette île, qui dispose de son propre gouvernement, d'une devise et d'une armée, comme faisant partie de son territoire, Pékin menaçant de recourir à la force pour en reprendre le contrôle.

TSMC cherche donc à diversifier ses implantations: parmi ses nouvelles usines à l'étranger, l'une a ouvert ses portes au Japon l'année dernière et trois sont prévues aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis octroient des milliards de dollars à TSMC pour l'aider à construire des usines sur le sol américain, avec pour objectif d'y relancer la production et d'y garantir un accès aux semi-conducteurs.

TSMC a été à l'origine d'une forte augmentation d'investissements directs étrangers taïwanais en 2024, selon Bloomberg, qui s'appuie sur des données du ministère taïwanais de l'Economie.

Selon l'agence financière, cela témoigne d'un "découplage" vis-à-vis de la Chine, les investissements des entreprises taïwanaises y ayant stagné au contraire de ceux à destination du Japon ou des Etats-Unis --qui ont atteint des niveaux record.