Tokyo (awp/afp) - Les Bourses asiatiques ont connu un nouveau coup de froid vendredi, Séoul dégringolant de presque 4%, dans des marchés plombés par un plongeon des valeurs tech, les interrogations sur la banque centrale américaine (Fed) et des indicateurs économiques chinois maussades.

Les Bourses piquent du nez, Fed, tech et Chine pèsent

A la Bourse de Tokyo, l'indice vedette Nikkei a reculé en clôture de 1,76% à 50'376,53 points, et l'indice élargi Topix de 0,65% à 3359,81 points.

La Bourse de Séoul a chuté de 3,91%, Sydney a abandonné 1,36% et Taipei 1,81%.

Les places asiatiques ont accentué la dynamique des Bourses mondiales entamée la veille, dans des marchés lestés par les craintes de valorisations tech excessives et l'impression grandissante que la Fed n'est pas prête à baisser ses taux une nouvelle fois de sitôt.

"L'un des autres piliers est le marché de l'intelligence artificielle (IA), qui a perdu de son élan face aux craintes liées à des valorisations élevées et au risque que les rendements potentiels des investissements soient trop faibles pour les justifier", relève Kyle Rodda, de Capital.com.

La publication d'indicateurs chinois moroses a encore assombri le moral des investisseurs.

Les ventes au détail en Chine ont ralenti le mois dernier et la production industrielle s'est essoufflée bien plus fortement qu'attendu, selon des données officielles publiées vendredi, signe des difficultés persistantes de la deuxième économie mondiale.

Ce ralentissement s'explique par "des vents contraires plus structurels" qui pèsent sur l'investissement, comme "la surcapacité persistante dans l'industrie et le marasme prolongé du secteur immobilier", note Zichun Huang, de Capital Economics.

L'indice hongkongais Hang Seng cédait 1,48% vers 06H30 GMT. En Chine continentale, l'indice composite de Shenzhen lâchait 0,83% et celui de Shanghai 0,57%.

Les "valeurs IA" sous pression

A Séoul et Tokyo, où les poids-lourds tech dominent la cote, la nervosité s'installe.

"Le marché boursier japonais se détourne des valeurs tech, celles liées à l'IA et aux semi-conducteurs qui avaient dominé le marché jusqu'à présent, pour se tourner vers les valeurs liées à la demande intérieure", observent les analystes de Tokai Tokyo Intelligence.

Le géant japonais des investissements tech SoftBank, qui a récemment annoncé s'être retiré complètement du champion américain de l'IA OpenAI, a chuté de 6,56% après avoir déjà plongé les jours précédents.

Les mastodontes sud-coréens des puces-mémoires SK Hynix (-8,50%) et Samsung Electronics (-5,45%) ont dégringolé à l'unisson.

Le japonais Kioxia, autre titan des puces-mémoires, a lui dévissé de 23% après avoir fait état d'anticipations inférieures aux attentes pour le trimestre en cours.

Tencent, géant chinois de l'internet, cédait pour sa part 1,52% à Hong Kong vers 06H30 GMT, en dépit de l'annonce d'un chiffre d'affaires supérieur aux prévisions au troisième trimestre grâce à la forte croissance de son activité de jeux vidéo en Chine.

Le yen à l'équilibre, la BoJ guettée

Vers 06H45 GMT, la devise japonaise cédait 0,06% à 154,64 yens pour un dollar, après avoir brièvement atteint la veille le seuil de 155 yens pour un dollar.

"La faible volatilité des marchés a entretenu la faiblesse du yen. Les marchés seront attentifs à une intervention verbale (des autorités japonaises) plus ferme si la barre des 155 yens pour un dollar est nettement franchie", observent les analystes de Standard Chartered.

Le gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) a de son côté "réaffirmé l'objectif d'une inflation progressive vers la cible de 2% et maintenu le cap sur une nouvelle hausse des taux, sans toutefois donner d'indication sur le calendrier", ajoutent-ils. La prochaine réunion de l'institution interviendra en décembre.

Possible perspective selon eux: la BoJ pourrait suspendre ses hausses de taux "le temps que le gouvernement (de la Première ministre Sanae Takaichi) stimule la demande économique par une politique budgétaire expansionniste".

Le pétrole bondit, perspective d'un surplus d'or noir

Le marché pétrolier grimpe fortement face à la perspective d'une surabondance d'or noir à l'échelle mondiale.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et l'Agence internationale de l'énergie (AIE) ont publié cette semaine leurs rapports mensuels respectifs sur l'état du marché: elles s'attendent à ce que la production dépasse les besoins non seulement pour l'année en cours mais aussi pour l'année suivante, en dépit d'une demande robuste.

Vers 06H40 GMT, le baril de WTI nord-américain gagnait 1,47% à 59,56 dollars et celui de Brent de la mer du Nord 1,35% à 63,86 dollars.