Economie publique
09.07.2025 16:41:19
Une mesure protectionniste qui changerait totalement la donne pour ce marché : depuis un accord sectoriel de 1994 de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), signé essentiellement par les pays avancés, les produits pharmaceutiques, dont les principes actifs à la base des médicaments, sont exonérés de droits de douane.
___ Les laboratoires sous pression
Le président Trump "veut maintenir la pression en gardant des délais serrés", constate Stefan Schneider, analyste chez Vontobel.
Cette pression s'ajoute à celle liée au projet de baisses de prix des médicaments aux Etats-Unis pour les aligner sur les tarifs les plus bas pratiqués ailleurs. Depuis cette annonce mi-mai, le flou persiste sur sa mise en oeuvre.
"L'industrie pharmaceutique prend au sérieux cette double menace", y voyant un "outil de négociation", souligne Alexandre Regniault, avocat spécialiste de la santé au sein du cabinet Simmons & Simmons, interrogé par l'AFP.
Au printemps, face à ces risques, les grands groupes pharmaceutiques tels que Roche, Novartis, Sanofi.... ont annoncé plus de 200 milliards de dollars d'investissements supplémentaires cumulés aux États-Unis, premier marché mondial du médicament.
___ "Taux élevé" et délai "irréaliste"
Pour Adrien Chantraine, expert du secteur pharmaceutique de Circle Strategy, l'annonce de Trump reste, "à ce stade, une posture politique, qui s'inscrit clairement dans un bras de fer commercial plus large avec l'Union européenne".
Mais si elle se concrétisait, "son double effet (surtaxe et baisse des prix) viendrait ébranler le moteur économique du secteur. Aujourd'hui, près de 75 % des profits mondiaux de la pharma sont réalisés aux États-Unis et servent à financer la R&D mondiale", prévient-il.
Le délai d'un an pour relocaliser une production pharmaceutique est jugé "irréaliste": "les investissements annoncés récemment par les laboratoires s'inscrivent d'ailleurs sur des cycles industriels de 5 ans et plus", rappelle M. Chantraine.
"Déplacer une production ne se fait en aucun cas du jour au lendemain - ne serait-ce que construire une nouvelle usine prend des années.", rappelait la patronne de l'Allemand Merck KGaA, Belén Garijo, dans le Welt am Sonntag.
Même son de cloche chez M. Schneider: "le transfert de production prend dans bien des cas plus d'un an, donc ce délai court n'a pas beaucoup de sens".
Pour les entreprises disposant déjà de capacités aux États-Unis, "la production peut être déplacée plus rapidement - mais la FDA (l'autorité américaine chargée de la régulation du médicament, NDLR) doit encore donner son accord", précise-t-il.
Quant au taux envisagé "200% est élevé" et s'il était appliqué, "les Américains devraient payer beaucoup plus cher leurs médicaments ou simplement y renoncer", avertit l'analyste.
___ L'Irlande en première ligne, la Suisse négocie
Les Etats-Unis sont le principal débouché des exportations des industries pharmaceutiques européennes: l'an dernier, 38,2% des ventes hors Union européenne y ont été réalisées, générant un excédent commercial record de 193,6 milliards d'euros, selon Eurostat.
L'Irlande concentre une large part de cet excédent. Le secteur représentait près de la moitié des exportations du pays l'an dernier, atteignant 100 milliards d'euros, en hausse de 30 % sur un an.
Pour des raisons fiscales avantageuses, de gros laboratoires, y compris américains, y ont hébergé leurs brevets pour bénéficier d'un impôt à 15% sur les grandes sociétés, contre 21% aux Etats-Unis.
"Si des droits de douane devaient être appliqués, cela pourrait avoir un impact économique significatif sur l'Irlande, car l'industrie pharmaceutique y emploie environ 45.000 personnes", prévient Billy Melo Araujo, professeur de droit à Queen's University de Belfast.
"Une taxe douanière approchant les 200% sur un produit quelconque suffirait à tuer pratiquement tout commerce transfrontalier de ce produit", appuie auprès de l'AFP Dan O'Brien, économiste en chef du think tank IIEA basé à Dublin.
Autre pilier de l'industrie pharmaceutique, la Suisse est "encore en négociation avec l'administration américaine", a indiqué mercredi l'organisation suisse des entreprises pharmaceutiques (IPH).
Son homologue irlandaise (Ibec) a pour sa part refusé de commenter.
"Les droits de douane sur les médicaments risquent de créer de nouveaux obstacles pour les patients, ce que les gouvernements ne devraient pas négliger lorsqu'ils envisagent d'y recourir", a réagi de son côté Novartis qui réalise 42% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis.
L'industrie pharmaceutique en alerte après la relance protectionniste de Trump
Paris (awp/afp) - Le président américain Donald Trump menace d'imposer des surtaxes de 200% sur les produits pharmaceutiques importés aux Etats-Unis si la production n'est pas rapatriée aux Etats-Unis dans un délai relativement court: il a parlé d'au moins un an.Une mesure protectionniste qui changerait totalement la donne pour ce marché : depuis un accord sectoriel de 1994 de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), signé essentiellement par les pays avancés, les produits pharmaceutiques, dont les principes actifs à la base des médicaments, sont exonérés de droits de douane.
___ Les laboratoires sous pression
Le président Trump "veut maintenir la pression en gardant des délais serrés", constate Stefan Schneider, analyste chez Vontobel.
Cette pression s'ajoute à celle liée au projet de baisses de prix des médicaments aux Etats-Unis pour les aligner sur les tarifs les plus bas pratiqués ailleurs. Depuis cette annonce mi-mai, le flou persiste sur sa mise en oeuvre.
"L'industrie pharmaceutique prend au sérieux cette double menace", y voyant un "outil de négociation", souligne Alexandre Regniault, avocat spécialiste de la santé au sein du cabinet Simmons & Simmons, interrogé par l'AFP.
Au printemps, face à ces risques, les grands groupes pharmaceutiques tels que Roche, Novartis, Sanofi.... ont annoncé plus de 200 milliards de dollars d'investissements supplémentaires cumulés aux États-Unis, premier marché mondial du médicament.
___ "Taux élevé" et délai "irréaliste"
Pour Adrien Chantraine, expert du secteur pharmaceutique de Circle Strategy, l'annonce de Trump reste, "à ce stade, une posture politique, qui s'inscrit clairement dans un bras de fer commercial plus large avec l'Union européenne".
Mais si elle se concrétisait, "son double effet (surtaxe et baisse des prix) viendrait ébranler le moteur économique du secteur. Aujourd'hui, près de 75 % des profits mondiaux de la pharma sont réalisés aux États-Unis et servent à financer la R&D mondiale", prévient-il.
Le délai d'un an pour relocaliser une production pharmaceutique est jugé "irréaliste": "les investissements annoncés récemment par les laboratoires s'inscrivent d'ailleurs sur des cycles industriels de 5 ans et plus", rappelle M. Chantraine.
"Déplacer une production ne se fait en aucun cas du jour au lendemain - ne serait-ce que construire une nouvelle usine prend des années.", rappelait la patronne de l'Allemand Merck KGaA, Belén Garijo, dans le Welt am Sonntag.
Même son de cloche chez M. Schneider: "le transfert de production prend dans bien des cas plus d'un an, donc ce délai court n'a pas beaucoup de sens".
Pour les entreprises disposant déjà de capacités aux États-Unis, "la production peut être déplacée plus rapidement - mais la FDA (l'autorité américaine chargée de la régulation du médicament, NDLR) doit encore donner son accord", précise-t-il.
Quant au taux envisagé "200% est élevé" et s'il était appliqué, "les Américains devraient payer beaucoup plus cher leurs médicaments ou simplement y renoncer", avertit l'analyste.
___ L'Irlande en première ligne, la Suisse négocie
Les Etats-Unis sont le principal débouché des exportations des industries pharmaceutiques européennes: l'an dernier, 38,2% des ventes hors Union européenne y ont été réalisées, générant un excédent commercial record de 193,6 milliards d'euros, selon Eurostat.
L'Irlande concentre une large part de cet excédent. Le secteur représentait près de la moitié des exportations du pays l'an dernier, atteignant 100 milliards d'euros, en hausse de 30 % sur un an.
Pour des raisons fiscales avantageuses, de gros laboratoires, y compris américains, y ont hébergé leurs brevets pour bénéficier d'un impôt à 15% sur les grandes sociétés, contre 21% aux Etats-Unis.
"Si des droits de douane devaient être appliqués, cela pourrait avoir un impact économique significatif sur l'Irlande, car l'industrie pharmaceutique y emploie environ 45.000 personnes", prévient Billy Melo Araujo, professeur de droit à Queen's University de Belfast.
"Une taxe douanière approchant les 200% sur un produit quelconque suffirait à tuer pratiquement tout commerce transfrontalier de ce produit", appuie auprès de l'AFP Dan O'Brien, économiste en chef du think tank IIEA basé à Dublin.
Autre pilier de l'industrie pharmaceutique, la Suisse est "encore en négociation avec l'administration américaine", a indiqué mercredi l'organisation suisse des entreprises pharmaceutiques (IPH).
Son homologue irlandaise (Ibec) a pour sa part refusé de commenter.
"Les droits de douane sur les médicaments risquent de créer de nouveaux obstacles pour les patients, ce que les gouvernements ne devraient pas négliger lorsqu'ils envisagent d'y recourir", a réagi de son côté Novartis qui réalise 42% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis.
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-2.36%
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274.60 | 246.00 | 768'022.00 |
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293.00 | 263.40 | 18'589.00 |
Novartis N | 96.23 |
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-3.00%
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-3.38%
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99.47 | 88.23 | 400'000.00 |
Novartis Sp ADR | 120.95 |
-2.77
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124.82 | 104.95 | 367'034.00 |