Zurich (awp) - Le laboratoire rhénan Roche a sensiblement accéléré entre juillet et fin septembre la timide croissance retrouvée au trimestre précédent, générant un chiffre d'affaires de 15,14 milliards de francs, en hausse de 9% sur un an. La direction se contente de maintenir les jalons fixés pour l'ensemble de l'exercice, mais a levé un coin de voile sur la suite.

La principale unité Pharma a assuré l'essentiel de l'essor des recettes avec 11,62 milliards (+10%), portée tout particulièrement par le dynamisme du nouveau traitement ophtalmique Vabysmo (+59%) hors effets de change à 1,02 milliard).

Les traitements Phesgo contre le cancer du sein, Hemlibra contre l'hémophilie, Ocrevus contre la sclérose en plaques ou encore Polivy contre le cancer du sang ont aussi contribué à généreusement surcompenser l'érosion des anciens moteurs de ventes Herceptin, Mabthera/Rituxan et Avastin soumis depuis quelques temps déjà à la concurrence de versions biosimilaires.

Les ventes de l'unité Diagnostics se sont aussi enrobées de 6% à 3,52 milliards, indique le compte-rendu intermédiaire diffusé mercredi.

Les ventes de médicaments dépassent allègrement les attentes des analystes, tandis que celles de dispositifs de diagnostic déçoivent quelque peu.

Perspectives à brève échéance inchangées

Sur les neuf premiers mois de l'année, les recettes affichent un essor de 2%, ou 6% hors effet de change, pour un total de 44,98 milliards. Le coeur de métier dans les médicaments a enregistré une croissance de 3% à 34,26 milliards. L'unité Diagnostics a désormais tout juste compensé le manque à gagner induit par l'évaporation des ventes de tests Covid-19, encaissant 10,73 milliards.

Pour l'ensemble de 2024, la progression des recettes hors effets de change doit toujours plafonner autour de 5% et celle du bénéfice de base par bon de jouissance approcher les 10%.

"2024 a jusqu'à présent été une bonne année, cela devrait se poursuivre au quatrième trimestre et l'année suivante", a souligné le directeur général Thomas Schinecker lors d'une téléconférence avec les analystes. Et pour le directeur financier Alan Hippe, les estimations des analystes pour 2025 semblent "raisonnables".

L'effet de base Covid-19 ayant achevé de s'estomper au 2e trimestre, il restera plafonné à 1,1 milliard de franc sur l'ensemble de l'année. L'impact estimé de la concurrence de versions biosimilaires ou génériques des produits vieillissants reste pour sa part estimé à 1,4 milliard. L'impact négatif devisé de l'appréciation du franc sur le chiffre d'affaires a été relevé d'un point de pourcentage, à 4%.

A plus long terme, la direction confirme l'espoir placé dans les traitements expérimentaux contre l'obésité dits GLP-1, acquis parallèlement au laboratoire californien Carmot en fin d'année dernière pour près de 3 milliards de dollars. "Nous partons du principe que nous parviendrons à commercialiser ces produits bien avant la fin de la décennie", a assuré en téléconférence le directeur général Thomas Schinecker. La promesse demeure cependant conditionnée au succès des programmes cliniques qu'il reste à mener avant de pouvoir déposer des demandes d'homologation.

Dernière ligne droite encore à parcourir

Les analystes applaudissent à l'unisson une performance commerciale supérieure à leurs projections, sans s'enflammer pour autant. Stefan Schneider, chez Vontobel, décèle toutefois aussi un coup de mou inattendu du côté du Tecentriq, susceptible de générer quelque interrogation. Son confère Marcel Brand de la Banque cantonale de Zurich considère pour sa part que le maintien en l'état du plan de vol 2024 cantonne la présentation du jour au rang de "non évènement".

Chez Oddo BHF, Arthur Jurus préfère camper sur sa recommandation "underperform", du fait notamment du potentiel de déception d'une étude de phase III sur tiragolumab contre le cancer du poumon non à petites cellules et d'une autre de phase II sur le prasinézumab contre la maladie de Parkinson, dont la lecture des résultats est dans les deux cas agendée à 2024 encore.

La performance et les perspectives rassuraient les détenteurs de capitaux. Après avoir évolué en baisse, le bon de jouissance Roche remontait de 2,2% à 278,10 francs peu avant 16h, dans un SMI en hausse de 0,14%.