Genève (awp) - Le spécialiste de la cybersécurité Kudelski affiche des résultats semestriels en net recul, en raison notamment d'effets indirects des droits de douane aux Etats-Unis. Malgré les chiffres décevants, le groupe valdo-américain croit toujours à un retour à la rentabilité pour 2026.

Pour la période sous revue, Kudelski a vu ses revenus se replier de 6,8% sur un an à 172,8 millions de dollars (139,1 millions de francs). Les revenus opérationnels ont pour leur part encore perdu du terrain, se chiffrant à 1,7 million, contre 6,1 millions.

Par segment, l'internet des objets (IoT) a connu un premier semestre difficile, avec un chiffre d'affaires en recul de 10,6% à 19,3 millions de dollars. De même pour la sécurité digitale, qui affiche un repli de 7% à 103,9 millions. La cybersécurité a également vu ses recettes baisser de 4,8% à 49,5 millions.

Le résultat brut d'exploitation (Ebitda) s'est creusé en territoire négatif à 19,1 millions, contre -11,7 millions de dollars un an plus tôt. La perte nette du groupe est, quant à elle, passée de 22,8 millions à 32,9 millions.

"Si l'on examine notre parcours de transformation, en 2024 il s'agissait d'améliorer les bilans, en 2025 de se concentrer sur la transformation du groupe avec les restructurations nécessaires et, en 2026, d'améliorer la rentabilité et obtenir une croissance positive avec un résultat positif", a mis en avant le patron, André Kudelski, lors d'une conférence de presse depuis Phoenix, en Arizona, où se trouve le deuxième siège de l'entreprise.

Début 2024, le groupe sis également à Cheseaux-sur-Lausanne a lancé une restructuration afin de se recentrer sur son coeur de métier - la sécurité numérique, la cybersécurité et l'internet des objets - tablant sur retour dans les chiffres noirs en 2026. A cette fin, il a cédé son activité phare spécialisée dans les solutions d'accès, Skidata, acquise par le groupe suédois Assa Abloy.

"Beaucoup de travail"

A l'agence AWP, le patron André Kudelski a concédé avoir dû faire face "à des vents contraires et six mois mouvementés", ajoutant que la situation du groupe n'était "pas idéale". En ce qui concerne la division IoT, les clients de la société aux Etats-Unis sont en proie à des complications en raison de l'imposition des droits de douane par le président américain Donald Trump, a-t-il expliqué.

"Les droits de douane sur des importations automobiles font que la priorité des marchands aux Etats-Unis est d'assurer l'approvisionnement des voitures neuves en évitant au maximum ces taxes. Ils focalisent leur attention là-dessus et moins dans le développement des affaires avec nous", a-t-il détaillé.

Celui qui a pris la tête du groupe en 1991 dit toujours croire en des lendemains plus glorieux, dès l'an prochain: "On sait qu'il y a encore beaucoup de travail et nous voulons nous concentrer sur les questions de rentabilité et de potentiel de croissance. En ce qui concerne l'IoT par exemple, on se focalise sur les systèmes d''asset tracking' et sur le développement de nouveaux canaux de distribution".

"La mise en place de ces canaux est un processus complexe. (...) Cependant, une fois pleinement opérationnels, ces partenariats élargiront considérablement notre portée et généreront des ventes récurrentes", a précisé le directeur financier (CFO) de Kudelski, Mauro Saladini, qui table sur une reprise déjà au second semestre.

Suppressions de postes possibles

En attendant, en raison des aléas, M. Kudelski n'écarte pas la possibilité de suppressions de postes, touchant ses employés en Suisse également. "Il pourrait y en avoir ponctuellement, cela fait partie de la réflexion qui a eu lieu ces derniers mois", a-t-il déclaré.

Les observateurs du marché se sont montrés peu surpris des résultats du groupe mais l'analyste de la Banque cantonale de Zurich (ZKB), Christian Bader, a noté toutefois que les flux de trésorerie, de 45,3 millions de dollars en ce qui concerne les activités d'exploitation, étaient "nettement inférieurs" aux prévisions. Le CFO a indiqué que cela était dû principalement à la perte nette du groupe ainsi qu'à une réduction des dettes aux fournisseurs et des engagements contractuels de 11,6 millions.

A la Bourse, l'action Kudelski a fini en fort recul de 4,51% à 1,38 franc, dans un SPI en baisse de 0,41%.