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Economie publique   01.08.2025 18:23:08

La Suisse réfute les calculs de Trump et se dit prête à négocier

Berne (awp/ats) - Le Conseil fédéral souhaite relancer les négociations avec les Etats-Unis suite à l'imposition de droits de douane de 39% sur les produits helvétiques. Il réfute l'analyse de Donald Trump sur le déficit commercial entre les deux pays. Ces droits de douane auront un impact sur la Suisse et le monde.

Le président américain a annoncé sa décision dans la nuit de jeudi à vendredi, en publiant une liste détaillant les montants pour les pays qui n'étaient pas encore au clair. Pour la Suisse, l'addition est lourde: la surtaxe de 39% qui la frappera à partir du 7 août est la plus élevée d'Europe et l'une des plus forte du monde.

Ce taux constitue "une surprise" et une "déception", car le montant négocié avec les membres du gouvernement américain était bien inférieur, a déclaré la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter, interrogée par les journalistes en marge de la fête nationale au Grütli.

___ Calculs "absurdes"

La Suisse a été "spécialement maltraitée" dans ce dossier, a de son côté déploré Guy Parmelin. Le ministre de l'économie a reconnu que la situation était "extrêmement difficile", à cause du niveau des taxes imposées, mais aussi la perte de compétitivité par rapport aux principaux partenaires que sont l'Union européenne ou le Royaume-Uni, qui s'en sortent beaucoup mieux.

Donald Trump affirme que la Suisse "vole" chaque année près de 40 milliards de francs aux Etats-Unis en raison du déficit commercial. Pour Mme Keller-Sutter, la surtaxe annoncée s'explique par ce chiffre: "38,9 milliards de francs de déficit, 39% de droits de douane, c'est clair", a-t-elle dit. "A mon avis, c'est absurde". Si l'on intègre aussi les services, la balance est "presque équilibrée".

___ Déclaration d'intention ignorée

La surtaxe de 39% s'écarte nettement du projet de déclaration d'intention conclu avec les représentants des ministères américains du Commerce et des Finances. Mais ces derniers n'ont visiblement pas été entendus par M. Trump, a commenté la conseillère fédérale. Il est aussi possible que le texte ne lui ait même pas été soumis ou qu'il n'ait pas été discuté en détail avec lui, a-t-elle spéculé.

Selon un haut responsable américain, la Maison Blanche reproche à la Suisse de ne pas avoir fait de concession significative en réduisant les barrières commerciales. L'un des pays les plus riches et les plus prospères au monde ne peut pas s'attendre à ce que les États-Unis tolèrent des relations commerciales unilatérales, a-t-il ajouté, cité par l'agence Reuters.

Le Conseil fédéral a pris connaissance "avec grand regret" de la décision américaine, avait déclaré dans la matinée le porte-parole du Département fédéral des finances (DFF), Pascal Hollenstein. Berne va rester en contact avec l'administration américaine et chercher une solution qui soit "compatible tant avec l'ordre juridique suisse qu'avec les obligations existantes", a-t-il ajouté.

___ Coup dur pour l'économie

L'augmentation des droits de douane pèsera sur les entreprises exportatrices et leurs fournisseurs, notamment l'industrie horlogère, les producteurs de machines et d'instruments de précision ainsi que de l'industrie alimentaire. Les produits pharmaceutiques sont pour l'instant exemptés de droits de douane.

Si le taux de 39% devait entrer en vigueur le 7 août, il aurait un impact de 0,3% à 0,6% sur le produit intérieur brut (PIB) de la Confédération, estiment les experts de l'institut de recherches conjoncturelles KOF. Cela "coûterait à chaque Suisse en moyenne 300 francs", ont-ils calculé. Dans un cas extrême, le PIB pourrait même reculer de 1% et une récession ne serait pas à exclure.

"La prospérité de tout un chacun est en danger", a averti Swissmem, rappelant que la Suisse gagne un franc sur deux avec le commerce extérieur.

___ Recours au chômage partiel

Ces droits de douane "ne sont ni compréhensibles ni justifiés et constituent clairement une menace pour toute l'économie suisse", a renchéri le président de la Fédération de l'industrie horlogère, Yves Bugmann. Le président de l'Union syndicale suisse (USS), Pierre-Yves Maillard, a quant à lui dénoncé une mesure qui menace l'industrie d'exportation et l'emploi en Suisse.

Pour amortir le choc, les entreprises disposent de l'instrument du chômage partiel, a relevé Karin Keller-Sutter. Commentant les demandes des milieux de l'économie, elle a souligné que "sa porte était toujours ouverte" pour discuter de moyens pour réduire la bureaucratie ou pour améliorer les conditions cadres. D'autres mesures de soutien à l'économie ne sont pas prévues pour le moment.

___ Réponses diverses

Les partis suisses ont eux aussi critiqué les droits de douane annoncés par Donald Trump. Le PLR dénonce notamment "une catastrophe et une attaque directe contre notre prospérité". Les différentes formations sont toutefois divisées sur les solutions à apporter.

A l'instar des milieux économiques, la droite plaide pour un renforcement de la compétitivité de la Suisse et un allègement des charges pesant sur les entreprises. A gauche, on plaide plutôt pour une collaboration encore plus étroite avec l'Union européenne.

Les droits de douane devraient entrer en vigueur le 7 août - et non pas ce vendredi comme annoncé initialement. Ce délai doit donner le temps nécessaire à l'administration des douanes de mettre en place les nouvelles règles, a expliqué un responsable américain.


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