Berlin (awp/afp) - Les députés allemands ont approuvé mercredi une nouvelle enveloppe de près de 50 milliards d'euros d'achats militaires, pour un total annuel record, afin d'améliorer l'équipement de l'armée, en plein effort de réarmement face à la menace russe.

Ce volant de dépenses approuvé par la commission de la défense de la chambre basse du parlement porte les projets d'armement de la Bundeswehr en 2025 à près de 83 milliards d'euros, un niveau historique selon le ministère de la Défense, qui y voit "un signal fort" envoyé à l'Otan et à ses partenaires.

"L'Allemagne va de l'avant. Nous remplissons nos obligations au sein de l'Alliance de manière fiable et assumons notre responsabilité en matière de sécurité et de paix en Europe", ajoute le ministère.

Premier soutien militaire de l'Ukraine en Europe, l'Allemagne a amorcé après l'invasion du pays par la Russie en février 2022 un tournant historique de sa politique de défense.

Face aux inquiétudes croissantes concernant le désengagement américain en Europe, le chancelier Friedrich Merz, qui a pris ses fonctions en mai, a décidé d'exempter les dépenses de défense des règles strictes en matière d'endettement afin d'accélérer le renforcement des capacités militaires allemandes.

Le dirigeant conservateur a promis de bâtir l'armée conventionnelle la "plus puissante d'Europe" pour contrer la menace russe.

"Capacité de dissuasion"

Avec la dernière enveloppe, le budget de grands projets d'armement de la Bundeswehr a atteint de nouveau un niveau record, et ce pour la troisième année consécutive.

Les investissements dans l'armée servent "un objectif clair, à savoir la sécurité effective de notre pays et le rétablissement complet de notre capacité de dissuasion et de défense", a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, après la réunion de la commission de la défense.

Le budget de la défense pour cette année avait déjà été établi, mais les achats effectués mercredi devaient être approuvés par le comité budgétaire du Parlement, conformément aux règles selon lesquelles les acquisitions individuelles supérieures à 25 millions d'euros doivent être approuvées par les députés.

Les projets d'acquisition adoptés concernent aussi bien l'armée de terre, de l'air, la marine ainsi que l'espace et le cyberespace.

Ils vont des munitions aux véhicules de reconnaissance et de combat en passant par des uniformes pour quelque 460.000 soldats, et des équipements de protection pour jusqu'à 80.000 employés civils de la Bundeswehr.

Systèmes de défense aérienne

L'armée va notamment commander des systèmes de défense aérienne Patriot, de fabrication américaine, et Iris-T, de fabrication européenne, ainsi que des blindés de combat d'infanterie Puma.

Elle va également augmenter son stock de lanceurs et de missiles guidés du système israélien Arrow, bouclier antimissile longue portée dont la version initiale a été mise en service début décembre, une première hors Israël.

Ces derniers représentent un montant d'environ 6,5 milliards de dollars (5,5 milliards d'euros), a indiqué un porte-parole du ministère de la défense israélien, qualifiant l'opération "de plus important contrat israélien d'exportation d'armement jamais conclu".

L'Allemagne a considérablement relevé ses objectifs en matière de dépenses de défense pour les années à venir.

Berlin a annoncé en début d'année cibler une part de ses dépenses de défense de base de 3,5 % de son PIB d'ici 2029, conformément au nouvel objectif fixé par l'Otan sous la pression de Donald Trump.

Les législateurs allemands ont approuvé ce mois-ci un nouveau programme visant à augmenter le nombre de soldats de son armée, qui a fortement diminué après la fin de la guerre froide.

Berlin ne réintroduira pas le service militaire obligatoire, mais a averti d'une possible réintroduction dans le cas où l'armée ne parviendrait pas à recruter suffisamment de volontaires.