La crise politique ne freine pas les fusions et acquisitions en France
PARIS (awp/afp) - Les fusions et acquisitions en France ont été nombreuses cette année malgré l'instabilité politique et législative, "le monde du business s'étant largement désensibilisé de la politique", selon la banque américaine Morgan Stanley.
Le montant des opérations annoncées en France en 2025 est attendu à environ 91 milliards d'euros, selon une estimation du cabinet Bain & Company, ce qui signifierait une croissance de 12% en un an.
L'année 2025, marquée par une crise politique à rallonge autour du budget et du déficit français, a aussi été celle d'annonces très ambitieuses, comme la mégafusion dans les satellites européens entre Airbus, Thales et Leonardo ou l'offre conjointe à 17 milliards d'euros pour le rachat de l'opérateur télécom SFR.
Certes, "nous sommes dans une situation compliquée", rappelle à l'AFP Emmanuel Goldstein, directeur général de la filiale française de la banque Morgan Stanley, très influente dans le secteur.
Mais "les entreprises ne décalent pas forcément leurs opérations", notamment si elles sont "stratégiques", relève-t-il, comme l'a été la cession par Kering (maison mère de Gucci) de sa division beauté à L'Oréal pour 4 milliards d'euros.
"Ce n'est pas le coup de feu comme en 2021, mais ça tourne", commente Emmanuel Goldstein.
"Beaucoup de sociétés françaises ont retrouvé un bilan sain et achètent", analyse également Arnaud Leroi, de Bain & Company.
Réticence pour les secteurs réglementés
La crise politique n'est toutefois pas sans conséquence.
Selon plusieurs connaisseurs des opérations de fusion et acquisition, l'imprévisibilité de l'exécutif dissuade certaines entreprises d'investir dans les secteurs très réglementés (comme l'énergie ou le médical), dont la rentabilité pourrait être menacée par des évolutions législatives défavorables.
Par ailleurs, il y a un "mouvement de réduction des risques" des entreprises françaises "vers l'étranger", c'est-à-dire en prenant des participations dans des sociétés en dehors de la France, observe Arnaud Leroi.
Ainsi, à fin novembre, les entreprises françaises ont annoncé pour environ 78 milliards d'euros d'acquisitions sur des entreprises étrangères, contre 41 milliards d'euros pour l'acquisition d'entreprises françaises, selon les chiffres de Bain & Company.
Et à l'inverse, les opérations de fusion et acquisition initiées par des investisseurs étrangers visant des entreprises françaises ont représenté autour de 16 milliards d'euros.
"L'attractivité" des entreprises françaises pour les investisseurs étrangers "ne s'est pas améliorée", reconnaît pudiquement Arnaud Leroi.
37% de croissance
A l'échelle mondiale, 2025 a également été un bon cru pour les fusions et acquisitions.
Certes, l'année a connu un parcours en dents de scie. "Le rebond en début d'année a été stoppé net par l'annonce des droits de douane américains au printemps", observe Céline Méchain chez Goldman Sachs, autre banque très importante du secteur.
Mais le redémarrage à partir de cet été a été très concluant, si bien que le volume total des opérations de fusion et acquisitions annoncées (4.254 milliards de dollars) à fin novembre est supérieur de 36% à celui de 2024, selon la banque américaine.
Avec les deux offres géantes sur Warner Bros en fin d'année, l'intérêt s'est porté en premier lieu vers le secteur des médias et de la technologie (21% des opérations selon Goldman Sachs).
En témoignent également le rachat de l'éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts (EA) par un consortium de fonds d'investissement pour 55 milliards de dollars ou la prise de participation de 30 milliards de dollars de SoftBank dans OpenAI.
Les secteurs des infrastructures et de l'industrie (20% des opérations) le talonnent, avec notamment, dans le fret ferroviaire américain, la tentative de rachat de Norfolk Southern par son concurrent Union Pacific pour 85 milliards de dollars.
Quant à l'année 2026, au niveau mondial, elle pourrait marquer une nouvelle croissance des opérations de fusion et acquisition, "pour peu que les banques centrales continuent de baisser leurs taux d'intérêt" afin de faciliter les financements, juge Arnaud Leroi de Bain & Company.
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